Reportages GR®93

Les Monts du Matin

Aux confins du Vercors, les montagnes des Monts du Matin constituent la chaîne la plus occidentale du massif alpin, là où les monts s’illuminent au soleil levant. Elles s’étendent au nord, de l’embouchure de la Bourne dans l’Isère près de Saint-Nazaire-en-Royans, jusqu’au sud, à Crest dans la Drôme. À l’ouest, les Monts du Matin se dressent immédiatement au-dessus de la haute terrasse de la plaine de Valence à laquelle ils se rattachent suivant une ligne jalonnée par les villages de La Baume-d’Hostun, Beauregard-Baret, Rochefort, Barbières, Saint-Vincent-la-Commanderie, Peyrus, Châteaudouble, Combovin, Barcelonne, La Baume-Cornillane... Ainsi délimitée, la chaîne des Monts du Matin s’élève progressivement de 200 à 1 333 m d’altitude au Roc de l’Épenet, et s’étend sur 65 km du nord au sud, et sur 3,5 km à 6 km d’ouest en est. La chaîne des Monts du Matin forme un espace fermé dont l’accès est uniquement permis par quelques goulets étroits, comme les portails de Saint-Vincent, Barbières, Rochefort ou Beauregard-Baret. Cette « insularité » autorise l’implantation d’espèces floristiques et faunistiques très variées, reflet de la complexité de sa composition géologique, de l’échelle étendue de ses altitudes et de sa situation géographique à la jonction de trois régions : méditerranéenne, tempérée de l’Europe occidentale (secteur rhodanien) et des hautes montagnes.

Sur le chemin des moines

Le GR® 93 emprunté pour atteindre le pas de Touet s’appelle aussi le chemin des Moines. On marche ici sur les pas des cisterciens de Léoncel qui ralliaient par cet itinéraire leur
monastère fondé en 1137 depuis leurs domaines agricoles de la plaine de Romans. Les moines furent propriétaires dans la région de plus de 10 000 hectares de terres exploitées par des paysans et des frères convers ! À Peyrus, se situaient leur vignoble et leur cellier. Leurs troupeaux de moutons circulaient aussi sur ce chemin lors de la transhumance
d’hiver pour gagner les granges et les pâtures des bords de l’Isère. On ne peut aujourd’hui qu’inviter le promeneur à « transhumer » vers Léoncel dont l’église romane a conservé
une belle et sobre allure. 

Les Espaces Naturels Sensibles - La Drôme Le Département

Le GR®93 traverse plusieurs Espaces Naturels Sensibles du Département de la Drôme. Celui du plateau d'Ambel qui s'étend sur 1 231 hectares au cœur du massif du Vercors et témoigne d’une longue histoire de confrontations entre forces géologiques, climatiques, et humaines. L'ENS de l’alpage de Font d’Urle est la  propriété du Département de la Drôme depuis 1953. C’est un site géologique passionnant, où se rencontrent des formes spectaculaires liées à l’érosion du calcaire par l’eau, appelées « karst » : roche sculptée en surface, crevasses, puits naturels, grottes, rivières souterraines… 

Vassieux, musée de la Préhistoire, sur un site de taille de silex

Plusieurs hectares de la commune de Vassieux-en-Vercors portent des concentrations de silex de 10 à 20 m de diamètre qui correspondent à des ateliers préhistoriques de taille que l’on peut dater d’environ 4 000 ans (fin de la période néolithique, chalcolithique ou début de l’âge du Bronze). Le musée du site protège l’un de ces ateliers qui a notamment livré de nombreux outils d’usage domestique : perçoirs et becs, grattoirs, racloirs, burins et un unique élément de faucille. Il est vraisemblable que c’est le même groupe humain qui tailla les grandes lames de cet atelier
pour la chasse, la guerre et l’échange, qui fournit l’équipement des moissonneurs de la plaine et qui fabriqua les outils lourds destinés au travail du bois, à l’ouverture des clairières en Vercors.

 Pastoralisme

Le cirque des bouquetins

On les dirait presque sculptées, ces monumentales falaises du cirque d’Archiane qui écrasent le petit hameau éponyme ! Coincé entre la montagne de Glandasse et le plateau du jardin du Roi, le cirque vient entailler le socle du Vercors sur plus de cinq kilomètres pour constituer le plus bel ensemble rocheux du sud du massif. Au départ du hameau, en empruntant la Combe de l’Aubaise, on peut gagner les hauts plateaux du Vercors.
En été, lorsque les coteaux du Diois se sont transformés en fournaise sous les rayons du soleil, le randonneur a grand plaisir à trouver la fraîcheur des résurgences et des cascades moussues où se rassemble toute l’eau venue des hauts plateaux. Des chemins taillés en encorbellement dans la falaise, une alternance de parois verticales et de vires, les aiguilles de calcaire de Pierre Ronde ; un monde minéral aussi saisissant que
l’habileté des bouquetins qui ont trouvé dans ces parois leurs terrains de prédilection. Vint-huit animaux mâles et femelles ont été réintroduits ici en 1989 et 1990. Ce sont aujourd’hui plusieurs centaines d’individus qui se retrouvent en hiver pendant la période du rut, preuve de la réussite
de la réintroduction. Peu d’espèces se prêtent aussi bien à l’observation naturaliste tant il est facile de s’approcher d’eux. N’oublions pas non plus d’autres amateurs du site, fort habiles dans les rochers : les grimpeurs qui fréquentèrent Archiane dès les années 1950 pour en faire un des fleurons du patrimoine de l’escalade française.